Séparation et Trahison !

Depuis la nuit des temps, dans les relations humaines, la Séparation et la Trahison demeurent toujours présentes comme un infaillible destin de toute rencontre. Elles deviennent une source originelle de souffrances ! Une source d'inspiration pour la dramaturgie car dans toute rencontre germe déjà la séparation !
Surtout dans le monde des arts martiaux, ces phénomènes sont très courants ! L’énoncé de la maxime amère, s'avère d'une haute exactitude : « la vie des Maîtres est faite pour être trahie, comme la loi, elle est faite pour être violée ! »
En effet, quand le Maître a passé à ses disciples son savoir et surtout la force et le pouvoir, il doit s'attendre à une folle ambition qui réveille le petit gamin d'antan d'ores et déjà devenu un guerrier fort et solide dans les yeux duquel brillent la convoitise. Il rêve de sortir du contrôle de son maître devenu maintenant un joug qui l’étouffe, qui retient son orgueil dans la course au succès, a même se débattait farouchement contre tout lien qui l'a attache a l'enseignement de son Maître. Alors, il complote une trahison camouflée en séparation ! 

Dans tous les milieux de la société, une bonne séparation est rare, car elle existe seulement à condition quelle soit faite par des personnes de bonne foi qui respectent un certain code d'éthique. D'autant plus que selon la culture orientale, la relation Maître-Disciple est sacrée voire comparable à la relation Père & Fils et n'est, à aucun moment, considérée comme étant une association commerciale ou une alliance politique ! Et ce lien est toujours constant dès le début de l'engagement jusqu'à sa fin sous un code d'honneur strict de confiance, de fidélité et de loyauté.
Le serment d'initiation stipule clairement : si un jour le disciple violerait le code d'honneur, trahirait son maître et nierait la voie, il accepterait par la suite la pire punition des ancêtres!
Donc ceux qui, par ambition et par méchanceté veulent détourner la vérité, ne respectant plus leur maître ni la voie, cherchant à mettre le feu a la maison ancestrale, ont commis un crime de la haute Trahison. Et cela est de loin d'être une Séparation.
À l'instar de la théorie du Yin & Yang, qui s'applique dans tous les milieux de vie, donc qui s'applique aussi dans le domaine du Kung-fu, puisque le blanc et le noir existe en même temps, il existe aussi de mauvais maîtres ; surtout dans cette période du déclin de la voie ! Dans une telle circonstance, le disciple a toujours le droit de quitter son maître comme il a quitté sa maison, en fermant doucement la porte derrière. Cette délicatesse démontre une reconnaissance des bons moments passés et ce geste ne peut être fait que par un cœur noble !
On ne dit jamais : séparé de sa maison ou de son maître. Mais on dit tout simplement : j'ai quitté ma maison, j'ai quitté mon École et j'ai quitté mon pays !
Mais une fois que la trahison est faite, elle est l'ombre qui hantera toute l’existence du traître.

Les dés sont jetés !

Grand Maître Nam Anh

Montréal le 15 Septembre 2013

Le maitre reconnu Deng Ming Dao a partagé ses opinions à ce sujet.

 

…….Votre Grand-Maître a entièrement raison. Ce qu’il faut retenir c’est qu’un serment a été brisé. Un Maître trahi est une tragédie. Néanmoins, la réalité est encore plus tragique: le disciple a brisé son propre serment. Admettons que le Grand-Maître veuille ignorer les conséquences et ne veuille pas de ressentiments envers le disciple: ceci n’affecte en RIEN les conséquences de la trahison.

Au moment où quelqu’un brise un serment, la réaction est immédiate. Comment peut-il en être autrement? Quand nous prêtons serment, nous nous attendons à être admis dans ce système et bénéficier immédiatement de sa protection, son prestige et sa sagesse, n’est-ce pas? Alors briser ce serment serait tout aussi immédiat. Nous ne pouvons pas nous attendre à recevoir tout ce qu'il y a de bon mais éviter ce qu'il y a de mauvais si nous brisons notre promesse. Quelque soient les conséquences  subites par les traîtres suite à leurs actions, elles ne vient pas du Grand-Maître qui leurs ''envoie'' une punition. Les traîtres avaient accepté ces conséquences au moment même où ils prêtèrent serment. Toute cette situation est triste. Je suis désolé pour tout ceux impliqués. C'est déjà dommage si quelqu'un ne peut pas apprendre l'art. Mais d'avoir appris l'art à un niveau suffisamment avancé pour en devenir un disciple et ensuite s'autodétruire en brisant son propre serment dépasse l'entendement. Je souhaite qu'une certaine solution émerge dans cette situation tragique, que chaque personne impliquée retrouve la paix et que l'École puisse prospérer.

Encore une fois, veuillez présenter mes salutations à votre Grand-Maître.

Maître Deng Ming Dao

San Francisco, 16 septembre, 2013

*** Biographie de Deng Ming Dao

Auteur de 8 livres, incluant 365 Tao, Everyday Tao, Scholar Warrior et Chronicles of Tao. Ces livres furent traduit dans 15 langues. Il a étudié le qigong, la philosophie, la méditation et les arts matiaux internes auprès du Maître Taoiste Kwan Saihung pendant 13 ans et deux autres Maîtres auparavant. Il est un célèbre concepteur graphique primé et artiste-peintre dont les oeuvres font partie de plusieurs collections incluant celles du Brooklyn Museum